[WSIS Edu] Libération - Sommet de l'information sous contrôle d'état

Yves-François LE COADIC lecoadic at cnam.fr
Mon Nov 14 10:13:58 GMT 2005


Tunisie. Notre envoyé spécial raconte son passage à tabac vendredi soir 
à Tunis.
«Les agresseurs semblaient avoir tout leur temps»

par Johana SABROUX
QUOTIDIEN : lundi 14 novembre 2005
Ecouter le récit de Christophe Boltanski

Tunisie

Sommet de l'information sous contrôle d'état
L'ONU organise un sommet sur la «fracture numérique» Nord-Sud cette 
semaine en Tunisie, où la liberté d'expression n'existe pas et où 
l'Internet est verrouillé.
par Christophe BOLTANSKI
QUOTIDIEN : lundi 14 novembre 2005
Tunis envoyé spécial
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Maître Mokhtar Trifi allume son ordinateur et tente de relever son 
courrier électronique. En vain. Il essaye ses autres adresses. Les 
mêmes messages apparaissent : «Veuillez vérifier le nom», «impossible 
d'afficher la page». Tout est verrouillé. Il ne peut pas plus consulter 
sa boîte personnelle que celle de la Ligue tunisienne des droits de 
l'homme (LTDH) qu'il préside. Impossible également de recevoir un appel 
téléphonique de l'étranger. «Et cela fait quinze jours que ça dure», 
déclare-t-il. Dans la ville, cet avocat, défenseur des droits de 
l'homme, n'est pas le seul, loin de là, dont les lignes se trouvent 
d'un seul coup «en dérangement». Les grands noms de la société civile 
rencontrent la même impossibilité à communiquer avec l'extérieur. En 
Tunisie, ce n'est qu'une atteinte aux libertés parmi d'autres. Le 
paradoxe tient au fait que ce même pays accueille à partir de mercredi 
le Sommet mondial de l'information.

De nombreux Tunisiens espéraient quelques gestes d'ouverture à la 
veille de cette grand-messe onusienne. Le régime de Zine el-Abidine Ben 
Ali n'a pas cessé, au contraire, de resserrer son étau comme s'il 
voulait souligner un peu plus l'incongruité d'un tel événement sur son 
sol. Depuis la rentrée, il a entrepris d'étouffer les rares espaces de 
liberté. La Ligue tunisienne des droits de l'homme a été empêchée de 
congrès et traînée en justice. Son président, Me Trifi, a été passé à 
tabac, mardi soir, lors d'une manifestation à Tunis. Les associations 
indépendantes de magistrats et de journalistes ont été également mises 
au pas ou interdites d'activité.
«La Tunisie aurait pu abriter un sommet sur la femme, le planning 
familial, compte tenu de ses progrès dans ces deux domaines, mais 
l'information, c'est absurde», s'écrie Mohamed Charfi, l'une des 
figures les plus respectées de l'opposition. Dans cette «dictature de 
sous-préfecture», les quotidiens pratiquent une langue de bois sans 
équivalent au Maghreb, la Libye de Kadhafi mise à part. «L'Etat demeure 
le garant essentiel de l'égalité des chances et des libertés», 
proclamait, à la une, la Presse, dans une de ses dernières éditions, à 
côté de l'inévitable photo du «Président Ben Ali». Ceux qui tentent de 
briser le silence risquent gros. Sihem Bensedrine, rédactrice en chef 
du journal en ligne Kalima, a été incarcérée sept semaines en 2001 pour 
avoir accusé un juge et le beau-frère de Ben Ali de corruption. Elle 
continue de subir des campagnes de harcèlement. En mai, des journaux 
proches du pouvoir l'avaient en toute impunité traitée de «vipère 
haineuse» et de «prostituée» louant «son dos [subissant la sodomie] aux 
étrangers et aux sionistes».
Grève de la faim. Depuis le 18 octobre, sept personnalités tunisiennes 
observent une grève de la faim pour réclamer le respect des libertés 
publiques et la libération des quelque 400 prisonniers politiques. 
Simples démocrates, islamistes, marxistes, nationalistes panarabes, ils 
incarnent les multiples facettes de l'opposition au régime de Ben Ali 
et pour la première fois présentent un front uni autour de ce qu'ils 
appellent un «Smic démocratique». Pour le régime, il ne s'agit que 
d'une «mise en scène» pratiquée par de «mauvais patriotes» qui tentent 
d'entacher l'image de la Tunisie. «Effectivement, nous profitons de la 
proximité de ce sommet qui est conçu comme une opération de prestige 
par le pouvoir pour donner une autre image, celle d'un pays 
d'oppression», déclare un gréviste, avocat et ancien détenu politique, 
Samir Dilou.
Le bureau qui leur sert de campement déborde de visiteurs jusque dans 
la cage d'escalier. Plusieurs médecins ont refusé d'ausculter les 
grévistes. «Ils ont subi des pressions et ils ont peur. Ils risquent un 
redressement fiscal ou des ennuis avec la Sécurité sociale», explique 
Rachid Khechana, rédacteur en chef d'un hebdomadaire d'opposition à la 
diffusion confidentielle, Al-Mawqef. Le locataire des lieux est, lui, 
menacé de poursuites pour «détournement d'usage d'un local 
professionnel».
Brimades. En Tunisie, la répression prend souvent la forme de 
tracasseries, de brimades, de diffamations à caractère sexuel, de coups 
en douce, d'actes de vandalisme ou d'agressions physiques, sous couvert 
de vol. La voiture de Sana Ben Achour, du mouvement des Femmes 
démocrates, a été détruite il y a quelques mois, alors que sa maison 
est étroitement surveillée. Sihem Bensedrine, encore elle, a été rouée 
de coups en pleine rue, il y a un an.
Internet, dont la gouvernance constitue l'un des sujets clés du sommet, 
est aussi étroitement surveillé. «Le service informatique du ministère 
de l'Intérieur est le meilleur de la Tunisie», affirme une 
universitaire. «Près d'une vingtaine d'internautes sont actuellement 
emprisonnés, souvent pour avoir simplement téléchargé un article ou 
l'avoir envoyé à un ami», déclare Samir Ben Amor, un avocat, membre de 
la LTDH. Son mail est également bloqué. Et lorsqu'il se rend dans un 
cybercafé, appelé ici Publinet, il doit, comme partout ailleurs, 
présenter sa disquette au gérant. Il veut envoyer un communiqué de la 
Ligue. «Impossible», lui répond le tenancier après examen du document.
La Tunisie peut se flatter du nombre de ses internautes (lire 
ci-dessous). «Ils peuvent dire qu'ils ont surmonté la fracture 
numérique, mais c'est une coquille en partie vide», regrette un 
diplomate.
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Yves F. LE COADIC
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